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Photo du rédacteurEl Táctico

LIVERPOOL 3-0 MANCHESTER CITY : L'ANTISÈCHE TACTIQUE

Dernière mise à jour : 25 mars 2019

Attendus au tournant après la défaite contre les Reds (4-3) et les échecs répétitifs en LDC, les Citizens ont largement déçu techniquement et tactiquement et se retrouvent dans une très mauvaise posture en vue de la phase retour. L’allemand Jürgen Klopp, adversaire de Guardiola sur le banc, a su répéter son coup tactique magistral de la dernière fois pour enfoncer les Skyblues dans une compétition majeure. Explications.

Le trident insurmontable de Klopp :


1. Défense solide


Préserver un clean-sheet contre la meilleure équipe d’Europe en termes de jeu offensif, c’est tout sauf un hasard. Les joueurs de Merseyside n’ont donc pas réalisé cet exploit de manière anodine : disposés dans un 4-5-1 en bloc médian, leur défense a été imperméable.

Un 4-5-1 pour protéger l’axe : crédit à Nouman/Youtube pour l'image

Le but étant de verrouiller l’axe par un milieu chargé, les Scousers ont empêché leur rival de construire un jeu productif dans l’entrejeu. Comme je l’ai toujours dit, l’axe est la base de toute action effective et ingénieuse, et par conséquent verrouiller cette zone revient à couper le maximum de solutions pour l’adversaire. C’est le cas de Liverpool qui a forcé City à jouer large avec la présence de Sané et Walker sur les flancs qui ont été contenus par les latéraux Trent Alexander-Arnold et Andy Robertson. Ces derniers ont été monumentaux en 1vs1 pour arrêter les ailiers puisqu’ils ont résisté sans flancher contre les offensives de City dans leurs zones. Aucun besoin de commenter, il suffit juste de visionner les highlights défensifs de TAA où il éteint Leroy Sané :

Ce qu’il faut aussi savoir, c’est que les Skyblues cherchent fréquemment, lors de la phase offensive, à faire sortir le latéral adverse sur un ailier pour créer un espace entre le latéral et le défenseur central dans une défense à 4 ou à 5. Liverpool s’y était préparé et à contrer ce stratagème en employant un milieu pour compenser ces intervalles tout en permettant un 1vs1 face aux joueurs mancuniens sur les côtés. Les milieux concernés (Milner et Henderson) ont fourni des efforts remarquables en défense pour garder une bonne structure défensive comme le montre leurs heatmaps combinées :

Une démonstration de la réponse des Reds contre ce subterfuge des hommes de Pep :

2. Pressing intense


Le pressing des locaux a largement contribué à la réussite de ces derniers. A défaut de presser haut et d’harceler l’adversaire dans sa moitié de terrain comme lors de leur dernier match en Premier League (le fameux 4-3), Liverpool a choisi de ne presser rigoureusement qu’en cas de perte de balle. Un pressing à la perte, dit gegenpressing, très concluant.


Avec une densité autour du ballon lors de chaque perte de balle, la récupération a été rapidement faite par les joueurs de Merseyside. Des 19 interceptions faites par l’équipe au cours du match, la majorité est issue de l’entrejeu. Ce counterpressing a été particulièrement bon dans le sens où il a permis de considérablement réduire l’influence des excellents milieux mancuniens et notamment Kevin de Bruyne qui n’aura fait que 75 passes réussies malgré 117 ballons touchés.

Le pressing du LFC a surtout été intense et continuellement acharné, d’où sa réussite et son influence sur le jeu. Avec 138 duels disputés par le club face à City dont 77 duels en première période uniquement, on peut dire que l’intensité physique a été un élément-clé du jeu des hommes de Klopp. Un point faible en soi pour City, qui ne dispose que dans ses rangs de Kompany, Otamendi et Fernandinho (un peu plus fragile) comme joueurs au gabarit imposant.


3. Transition rapide et verticalité

Sur l'ouverture du score, après la mauvaise passe de Sané, Liverpool n'a besoin que de 10 secondes, 6 touches de balle et 3 passes pour remonter 70 mètres et se retrouver dans la surface de City. – @JulienMomont

La citation est assez révélatrice de la performance offensive de Liverpool. À coups d’attaques rapides et de verticalité dès que possible, le LFC a assommé la défense adverse. Il faut dire que la qualité de percussion de l’équipe en contre-attaque est incroyable : avec les excellents dribbleurs Sadio Mané et Mohammed Salah (auteurs de 7 dribbles réussis sur 9 tentés) et la percussion vers l’avant des ailiers et milieux, Liverpool est sans limite.

Les errements défensifs de Man City ont été cruellement punis par les ailiers qui ont de par leur technique et leur fougue terrassés les défenseurs rivaux. Il suffit pour appuyer mes propos de vous montrer les highlights révélateurs de Mohamed Salah :


La déroute tactique de Guardiola et le naufrage de City :


Fait rare ce soir-là : habitué à nous surprendre avec ses coups tactiques exceptionnels, Guardiola s’est déstabilisé tout seul avec un plan de jeu nouveau et inefficace. Il faut bien évidemment donner du crédit à Klopp, mais ce large succès s’explique aussi et surtout par les erreurs monumentales de Herr Pep. En attaque, les Citizens se sont organisés en un 3-2-5 nouveau :

Soucieux de déjouer Liverpool par ses propres armes (le trident discuté précédemment), l’entraîneur hispanique a abandonné son 4-3-3 habituel pour placer une ligne défensive de 3 joueurs en attaque et pour sacrifier l’ailier droit pour ajouter un milieu de plus (Ilkay Gündogan). Mais l’effet a été inverse pour Manchester : à défaut d’avoir un rendement effectif sur les côtés, les joueurs ont créé un embouteillage au milieu qui n’a servi à rien puisque cette zone a été largement dominée par l’adversaire.

Pourquoi ? Pour deux raisons majeures :

- apporter une supériorité à la relance

- éviter l’espace laissé derrière le dos des latéraux intérieurs

Le 2-3-5 habituel qui laisse des espaces sur les côtés exploitables pour Salah et Mané

La nouveauté dans ce système a été d’apporter de la largeur sur le flanc droit par la seule présence de Kyle Walker qui d’habitude occupe le rôle de latéral intérieur. Résultat : un côté droit totalement ouvert pour les Scousers qui en a profité avec des attaques multiples sur leur côté gauche (44% contre 35% pour le côté droit). Et tout le monde sait qu’ouvrir un boulevard à Sadio Mané, c’est se tirer une balle dans le pied…


A défaut de verrouiller les espaces délaissés par le 2-3-5 habituel, Guardiola a permis à l’adversaire d’en exploiter d’autres par ce changement de système. Pour ce qui relève de la relance, un objectif voulu par l’entraîneur, les retombées du 3-2-5 ont été tout aussi catastrophiques. Avec une ligne défensive de 3 joueurs et une présence de deux n°6 pour supporter la relance, Guardiola espérait un meilleur résultat au moment de ressortir le ballon pour être plus percutant et dangereux verticalement. Le résultat a été tout l’inverse : avec des défenseurs trop proches les uns des autres et des milieux trop bas, City a rendu la tâche plus simple pour les Reds afin de contenir leur relance. De plus la position trop basse de De Bruyne et Fernandinho a fait que les Skyblues, une fois le ballon ressorti et la phase offensive lancée, étaient en manque de solution dans l’entrejeu. Démonstration concrète avec cette animation qui montre le build-up mancunien suivi de leur animation offensive inutile et inefficace :

Un autre constat à relever de cette confrontation : la dépendance à Leroy Sané. Sans solution sur le flanc droit mis à part un Kyle Walker inefficace car pas habitué à ce rôle de latéral offensif pur, les Skyblues ont trop compté sur l’ailier allemand. Ce dernier n’a pas su donner espoir en son équipe alors que plusieurs ballons lui étaient donnés au fil du match. Censé faire la différence dans les 1vs1 sur les ailiers, il a rapidement été contenu par le latéral adverse et en est devenu inoffensif.

Sané, c’est 1 dribble réussi pour tous ces ballons touchés…

Donner ce rôle à Sané, c’est aussi et surtout assumer que le couloir ne serait pas défendu par le joueur. Sans présence d’hommes sur les couloirs, les Reds n’ont pas attendu de réajustements adverses pour profiter de la situation. Avec 80% des attaques venant des côtés et les latéraux Alexander-Arnold et Robertson étant parmi les trois joueurs qui ont le plus touchés le ballon, on voit clairement que les ailes ont été exploitées volontairement à cause d’une contribution défensive inexistante dans ces zones.


Malgré les quelques ajustements tactiques avec l'entrée de Sterling à la 57ème qui symbolise le retour du système de jeu traditionnel des Citizens, le LFC a résisté à la menace adverse de par son excellente volonté et contribution défensive collective.


Conclusion :


Une performance de très haute qualité des Scousers, c’est ce qu’il faut retenir avant même la défaite de Herr Pep et de ses hommes. Le plan de jeu de Liverpool, assez similaire du dernier match entre les deux équipes, a été parfaitement adapté à la tactique "guardioliste". Un match exceptionnel des Reds donc, qui devront rééditer la prestation pour contenir un adversaire remonté au match retour.

À multiplier les passes pour fatiguer le bloc adverse et atteindre Sané, Manchester n’a pu y arriver à cause d’un bloc adverse compact. Une leçon à tirer pour Pep : ne pas changer la tactique un soir de match par une autre totalement opposée sous peine de recauser un naufrage à l’équipe.

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