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Photo du rédacteurEl Táctico

LE 3-4-3 : L’AVENIR DU FOOTBALL ?

Dernière mise à jour : 24 mars 2019


Guardiola, grand tacticien adepte de ce système

Dans un football moderne qui se veut plus offensif et plus audacieux, le système de jeu qu’est le 3-4-3 se fait de plus en plus connaître. Plusieurs de ses atouts sont adaptés aux exigences des entraîneurs d’aujourd’hui, et avec une rigueur tactique de la part des joueurs l’équipe arborant ce système devient quasi-imbattable. Pour montrer mes propos, je vais exposer les différents dispositifs relatifs au 3-4-3 (3-4-1-2 et 3-4-2-1). Enquête.


Des possibilités infinies pour relancer et pour attaquer :


S’il fallait nommer une seule qualité majeure dans ce système de jeu, c’est la facilité qu’il provoque pour relancer et pour enchaîner sur la phase offensive. Les solutions envisageables sont si grandes pour l’équipe qui aborde le 3-4-3 que l’adversaire doit généralement redoubler d’efforts et d’intelligence tactique pour le contrer. C’est d’ailleurs ce qui explique pourquoi les grandes équipes attaquant en 3-4-3 sont très difficiles à déjouer offensivement.

Le premier argument en faveur de ce dispositif tactique est sans doute la circulation de balle toujours fluide grâce aux triangles de jeu naturellement créés. Ces triangles permettent d’envisager plusieurs solutions à la relance pour trouver un ou des hommes libres. Cette qualité proposée par le système est précieuse pour les clubs qui cherchent à garder le ballon de manière sécurisée.

Crédit : @_NizaR_

Le double pivot du 3-4-3 est aussi capable d’apporter des solutions à la construction d’une action, et ce même face à un pressing intense et intelligent de l’équipe adverse. C’est simple, avec une densité déjà conséquente au moment de ressortir le ballon (3 défenseurs axiaux) et les deux milieux qui décrochent, rares sont les équipes qui pourraient empêcher l’équipe de relancer proprement. Petit exemple avec City qui, pour éviter le pressing gênant des Reds au retour, ont adopté cette idée pour pouvoir ressortir le ballon sans problème :

L’adversaire peut toujours choisir de presser les défenseurs centraux et le double pivot simultanément par la montée de milieux. En vain, puisqu’un espace considérable sera à la disposition des joueurs plus avancés à savoir les latéraux et ailiers. Mais attention : une surcharge à la relance peut aussi coûter à l’équipe utilisant ce dispositif car cela peut détacher le collectif entre deux parties et les milieux seront préoccupés à ressortir le ballon au lieu de gérer les transitions offensives.

Solution pour éviter cette issue malheureuse : tout simplement faire redescendre le double pivot occasionnellement (seulement face à un pressing haut à 3vs3) et faire confiance aux défenseurs en leur donnant la responsabilité de relancer verticalement.


Une autre qualité très importante du 3-4-3 doit aussi être évoquée : la relance et l’attaque peuvent être modulables par rapport au plan de l’adversaire afin de permettre un jeu de position imbattable. Analyse.


Pour contenir l’adversaire, le bloc défensif d’une équipe a le choix entre deux types de marquage : le marquage zonal et celui individuel. Le 3-4-3 offre une solution crédible à chacune de ces issues. Pour ce qui est de l’individuel, il est possible de placer les joueurs dans une position large avec seulement le MOC dans l’axe. Disponible puisque de dos à celui qui le marque, le MOC crée une ligne de passe directe avec le défenseur-relanceur dans l’axe :

Quant au marquage zonal, la solution est tout aussi simple : en fixant l’adversaire sur un côté par une possession longue (permise par les triangles de jeu précédemment cités), le 3-4-3 permet de renverser vers l’autre côté si volonté il y a. Ce renversement de flanc déstabilise facilement l’adversaire, avec une présence petite voire inexistante des joueurs adversaires dans la zone concernée :

Les latéraux sont aussi des éléments crédibles et envisageables pour déjouer offensivement l’adversaire puisque leur apport sur la largeur est souvent à l’origine de plusieurs actions. Le 3-4-3 prend cet aspect en compte : le système de jeu rend possible l’idée de resserrer les lignes et intervalles adverses par une certaine densité axiale (avec les 3 attaquants), laissant de l’espace sur les ailes exploitables pour les latéraux. Ces latéraux peuvent, si "bien exploités", être à l’origine d’actions très intéressantes avec notamment des combinaisons latéral/ailier du même côté ou latéral/milieu permettant une progression verticale (voir passmap Real avec circuit de passe Isco-Marcelo ci-dessous) :

Une structure défensive qui demeure solide :


Une fausse croyance dans le monde du foot dit qu’un système de jeu à 3 défenseurs est toujours risqué d’un point de vue défensif : c’est tout simplement ridicule. Le 3-4-3, en l’occurrence, est habilité pour répondre à cette issue. Explications.


Avec la présence d’une défense à 5, le 3-4-3 empêche l’étirement de la ligne défensive pour jouer entre les intervalles contrairement aux dispositifs tactiques à 4 défenseurs. Ce stratagème consiste à ramener le latéral adverse vers l’aile en provoquant un 1 contre 1 entre lui et l’ailier, ce qui crée un décalage et un intervalle entre le latéral et le défenseur central du même côté. Cet intervalle est ensuite exploité par un joueur venant suppléer l’ailier pour continuer l’action. L’idée est particulièrement développée à Manchester City où ce stratagème se perpétue depuis le début de l’ère Guardiola. Example avec Bernardo Silva qui fait sortir Marcos Alonso en 1vs1 pour faire jouer son partenaire De Bruyne dans l’espace créé :

Il assure également une densité axiale avec pas moins de 3 joueurs au centre : cela peut jouer un rôle important dans les duels aériens pour contrer les centres et le blocage de la zone de finition face à l’adversaire.


Une défense à 5 joueurs peut éventuellement, si la structure défensive n’est pas au point, compenser les espaces laissés par l’équipe ou les décrochages adverses non couverts par un jaillissement d’un des 3 défenseurs axiaux qui sera couvert derrière par ses 2 partenaires. On a aussi et surtout un blocage productif des half-spaces (zone entre l’aile et l’axe) lorsque les joueurs se replient sous un 5-4-1. Chelsea l’avait montré cette année en Ligue des Champions face au Barça, rendant les catalans inefficaces devant à Stamford Bridge à cause d’un verrouillage strict des half-spaces :

De plus, lorsque l’équipe coulisse vers un côté, un 4-4-2 à plat basé peut être formé. Ce 4-4-2 permet un équilibre garanti dans tous les secteurs du terrain et si voulu un pressing trap efficace face à l’adversaire.


Pour résumer, le 3-4-3 offre autant de possibilités en défense qu’en attaque pour un résultat effectif si la tactique appliquée est adaptable au système. Preuve en est, les grandes équipes sont de plus en plus familières avec le jeu proposé par le 3-4-3. Ce qui nous ramène à notre prochain point : la nécessité d’être une "grande" équipe avec de bons voir très bons joueurs pour arborer ce dispositif tactique.

Un besoin vital de joueurs haut niveau pour le 3-4-3 :


Si le 3-4-3 est un dispositif très concluant car favorable aux phases à la fois offensives et défensives, il est aussi très exigeant et nécessite des joueurs d’un certain haut niveau. Le système est certes favorable au jeu de position, mais exige absolument une coordination technique et tactique avec des passes répétitives et une forte faculté à garder le ballon pour mieux déjouer le bloc adverse. Ce n’est donc pas un hasard si seules les équipes avec de bons joueurs techniques qui ont pris leur temps pour assimiler la tactique sont celles qui réussissent le mieux avec ce système. N’est-ce pas, Manchester City ?

Et puis, s’il y a une faiblesse à faire remarquer chez ce système, c’est surtout la gestion de la transition défensive. En effet, les ailes sont particulièrement exposées aux offensives adverses à ce moment-là, ce qui met l’équipe en très mauvaise posture. Les joueurs, et notamment les latéraux, doivent faire confiance à leurs atouts défensifs pour empêcher le ballon de repartir vers leur bloc avec des interceptions/tacles répétitifs quitte à faire des fautes. Et encore une fois, il n’y a que les joueurs de haut niveau qui savent alterner entre qualités offensives et facultés défensives…


Mais il ne faut pas se décourager : le niveau pro, ce n’est pas par la chance mais par le travail qu’un joueur peut l’acquérir. La pratique est donc primordiale pour développer des automatismes collectifs et des capacités techniques permettant d’aborder le 3-4-3. Un article "coaching" relatant les différents exercices pour travailler le collectif à l’entraînement sera d’ailleurs bientôt disponible sur le site.


Conclusion :


Les arguments sont multiples, les preuves et constats sont présentes, et la conclusion reste la même : le 3-4-3 est assurément le dispositif tactique le plus menaçant qu’un entraîneur peut mettre en place. Avec un système favorable à l’instauration d’un jeu de position et à la mise en place de décalages et d’espaces exploitables, mais aussi avec l’assurance d’une défense solide bloquant les zones cruciales de construction (notamment les half-spaces), ce système de jeu est très prometteur.


Attention toutefois à ne pas l’utiliser n’importe comment. Sans capacités techniques ou compréhension tactique du jeu employé, les joueurs peuvent se perdre et s’aventurer à ne passer que pour garder le ballon et ainsi engendrer une possession stérile voir même s’exposer lors des transitions défensives.

Toutefois, en réunissant les meilleures conditions possibles pour les joueurs avec des entraînements spécifiques et des explications tactiques, l’entraîneur peut sérieusement envisager l’utilisation de ce schéma malgré la défense à 3 et pourquoi pas enchaîner les trophées grâce à cette réussite. En tout cas, ce n’est pas Pep Guardiola qui dira le contraire...

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