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  • Photo du rédacteurEl Táctico

L’OL : LA FORME SANS LE FOND

Dernière mise à jour : 25 mars 2019

En France et même à l’échelle internationale, le cas Genesio divise. Alors que les Gones sont deuxièmes de Ligue 1 et enchaînent les victoires, beaucoup réclament le départ de l’entraîneur. En cause, un jeu qui repose uniquement sur les talents des joueurs et une tactique déplorable. Enquête.

Une très mauvaise utilisation du ballon :


On pourrait croire qu’avec un effectif aussi talentueux et un système de jeu naturellement fait pour une bonne circulation de la balle, Lyon dispose d'un super build-up. Faux, faux et encore faux : avec un coach incompétent sur le banc des Gones, la construction offensive en est devenu limitée et même catastrophique. Explications.


Pour commencer, il faut souligner la tendance des lyonnais à trop jouer latéralement. La faute aux joueurs plus reculés (défense et milieu) qui cherchent peu la verticalité mais aussi et surtout du coach qui ne corrige pas ce défaut dans la construction et qui peine à créer du mouvement et des solutions crédibles vers l’avant dans sa tactique.


Pourtant, cette faille se résout facilement. Avec une mobilité de la part des milieux ou attaquants, des décrochages vers le bas pour faciliter la relance ou même l’utilisation basique de triangles de jeu, l’OL pourrait optimiser ses chances de se projeter dangereusement vers l’avant. Mais il n’en est rien, et ce n’est pas choquant vu les déclarations du coach de ce club :

On a maintenant suffisamment de temps et de séance d'entraînement pour travailler la tactique – Bruno Genesio (à 6 journées de la fin du championnat)

Cette construction en U a deux effets désastreux sur l’équipe de Genesio (avec preuve à l’appui, voir vidéo ci-dessous) :

- incapacité à gêner le bloc adverse et à se projeter vers l’avant correctement

- facilitation du mécanisme de pressing adverse (avec des passes prévisibles et dans des zones inoffensives)

Malgré des joueurs au niveau technique impressionnant et un système de jeu (4-4-2 losange) qui incite au jeu court et propre, Lyon a tendance à balancer le ballon devant dès la récupération dans les "moments délicats". Ce défaut se fait principalement voir dans les gros matchs comme par exemple face au CSKA Moscou en Europa League. Exemple en deux images où les rhodaniens refusent de jouer proprement malgré les solutions.

Un mauvais pressing des russes et voilà une solution verticale toute faite pour l'OL

Mais les lyonnais préfèrent rendre le ballon à l'adversaire...

Autre limite importante à souligner pour l’OL : une mauvaise structure du bloc lyonnais dans la construction. Et en cause, deux facteurs principaux qui sont le positionnement global de l’équipe et le mauvais positionnement des joueurs. On parlait justement de la préférence excessive de l’OL pour la largeur : les placements des joueurs en est la preuve. Censés occupés plusieurs zones du terrain pour permettre la création de surnombres/faire tourner le ballon sans récupération adverse, les lyonnais font tout le contraire.


Plusieurs solutions sur les côtés mais très peu dans l’axe : un paradoxe pour un coach qui fait jouer ses hommes dans des systèmes chargés dans l’axe (4-3-3, 4-2-3-1 mais surtout 4-4-2 losange). Et puis, à force de jouer de la sorte, les conséquences se font vite percevoir avec :

- une équipe qui joue trop bas et invite même la pression adverse

- des milieux ou attaquants trop souvent forcés de casser les lignes par des courses individuelles

- une ligne offensive immobile

Exemple concret avec Fekir isolé, une équipe seulement présente sur la largeur et qui incite les bordelais à reprendre le ballon sans trop forcer

Résultat de cette mauvaise gestion : une équipe qui repose fortement sur ses individualités offensives pour avancer. Entre Fekir, Depay, Aouar, N’Dombélé et d’autres, les talents se multiplient au sein de cet effectif mais le constat reste le même : un collectif pas soudé et un jeu incohérent. Un constat triste quand on prend le temps d’observer le talent immense des joueurs qui ont réussi par leurs simples exploits individuels à faire de ce club le deuxième de L1…

Une défense aux failles impardonnables :


Les limites de l’OL, malheureusement pour ses fervents supporters, ne s’arrêtent pas là. La défense est en effet le talon d’Achille de cette équipe aux handicaps déjà assez lourds. Et en cause, plusieurs facteurs tout aussi techniques que tactiques. Décryptage.


S’il fallait résumer les failles de la défense lyonnaise en un seul élément, ce serait sûrement avec la gestion désastreuse des transitions défensives rapides. Pour moi, c’est la plus grande faille de ce collectif : cherchant constamment à avancer sans solution de repli, les lyonnais font de la défense un no-man’s land ouvert à l’adversaire en contre-attaque.


Rappelons, pour ceux qui ne le savent pas, ce que sont les bases de la transition défensive. Les objectifs de cette phase pour l’équipe qui subit la possession sont :

- verrouiller les solutions verticales dangereuses pour l’adversaire

- créer une densité sur le ballon + pression pour récupérer le ballon rapidement

- empêcher l’adversaire de "poser son jeu" si celui-ci ne souhaite pas une transition offensive rapide


Comment y parvenir avec succès ? Avec ces instructions simples :

- une supériorité numérique dans la transition pour empêcher un surnombre adverse

- un mouvement collectif vers le ballon et pas vers son propre gardien

- bloquer toutes les solutions exploitables pour l’adversaire


À présent regardez cette image de transition défensive rapide. À 4 lyonnais contre 3 joueurs du CSKA Moscou, aucun fondamental de cette phase n’est respecté et la solution est logiquement toute faite pour les moscovites.

Comme l’a souligné le meilleur coach de l’histoire Johan Cruyff, une équipe se doit d’avoir l'attaquant comme le premier défenseur. Autant dire que Genesio est à des années lumières du défunt néerlandais niveau tactique : le pressing de l’OL est inefficace car peu présent et même quasi-inexistant.

Un défaut incompréhensible quand on voit que l’ossature mise en place par Genesio est très favorable au pressing intense/counterpressing. Le 4-4-2 losange, formation la plus utilisée cette saison par Pep Genesio, facilite en effet le pressing (voir mon article sur ce système). De plus, Genesio pourrait utiliser les défauts de la structure de son collectif (équipe coupée en deux et trop entassée dans certaines zones) pour exercer un pressing étouffant.

La solution étant que, comme plusieurs équipes talentueuses en attaque, l’OL pourrait délaisser la défense pour travailler l’attaque (comme le PSG par exemple). Sauf que Lyon est habitué à reculer même lorsque l’adversaire n’est pas menaçant offensivement. Va savoir pourquoi...


Genesio, pas le seul fautif dans cet échec ? :


Genesio est incontestablement médiocre, mais il faut aussi parler de certains joueurs qui sont à pointer du doigt à cause de leur passivité. Une passivité qui s’exprime sous plusieurs formes, et qui par n’importe quelle forme nuit sérieusement au collectif lyonnais. Analyse.


Le manque cruel de mobilité, déjà évoqué au début de l’article, est par exemple un signe révélateur de cette passivité lyonnaise. Si les mouvements répétitifs ne sont pas forcément un besoin en attaque, les milieux relayeurs doivent faire l’effort d’initier une action verticale avec une certaine présence. Que dire des milieux lyonnais qui vont jusqu’à livrer Fekir à lui-même dans cette zone aussi basse ? Lents et immobiles, ils sont souvent coupables des pertes de balles elles-mêmes dues à leur inefficacité. Honteux pour un club si ambitieux…

Une autre fois, revenons sur un phénomène déjà évoqué au cours de l’analyse. Le mauvais positionnement des joueurs, bien que d’ordre tactique, est aussi la faute des joueurs eux-mêmes. Un minimum de savoir-faire fait que les Gones doivent s’avoir s’espacer à travers tout le terrain pour étirer le bloc adverse. Mais décidément, cette équipe fait tout à l’envers, à l’image de son coach…


Dans des situations qui ne requièrent pas forcément une organisation tactique (comme le placement sur les centres), l’OL ne fait pas l’effort de gêner l’adversaire. Avec des joueurs trop proches les uns des autres, l’équipe ne peut en aucun cas menacer l’adversaire par duels aériens. Et encore moins dans les seconds ballons, où personne n’est présent.

Autre cas, cette fois avec une projection rapide vers l’avant. Ici, la lenteur de Cornet additionnée à celle de Mariano pour jouer la profondeur fait que le ballon est vite rendu et ce qui était censé être une contre-attaque rapide se mue en une attaque placée. Problème ici pour les joueurs : l’attaque placée n’est ni correcte ni organisée tactiquement. Pourquoi ? Demandez-donc à tonton Bruno…


En défense également, Genesio n’est pas le seul à blâmer (en tout cas pas totalement). La défense est un chantier pour le club en vue du mercato estival, et en particulier la charnière centrale qui ne rassure pas. En cause, des joueurs limités.


Jeremy Morel, 35 titularisations et joueur ayant le plus joué derrière Maxwel Cornet sous l’ère Genesio (je m’abstiendrais de faire un commentaire là-dessus…), n’a à mon opinion pas le profil qu’il faut à Lyon. Pour être plus précis, il faut à ce club un défenseur solide et intelligent pour être prêt à chaque contre-attaque rapide de l’adversaire. Problème, Morel n’est pas à la hauteur de la tâche car il pêche dans les duels aériens et la rapidité pour suivre les actions adverses. Un bon Savic (Atletico Madrid) ou Sokratis (Borussia Dortmund) ne ferait pas de mal à l’effectif…

Avec moins de 2 interceptions par match pour 35 matchs, Morel n’est pas un élément fiable pour contenir des contre-attaques rapides

Derrière lui, le constat n’est pas aussi mauvais mais reste tout de même pessimiste : Mouctar Diakhaby bien que très prometteur pêne aussi à intercepter et a parfois l’habitude de balancer devant sans chercher une solution courte ou plus ingénieuse. Mendy m’a quant à lui convaincu, mais son poste de latéral gauche ne peut pas toujours être délaissé au profit de Marçal.


En somme, pour ce qui relève de la défense, les individualités ne rassurent pas toujours et une solidité dans les duels (aériens, 1vs1 etc) est requise car les Gones ont trop tendance à vite avancer et laisser des espaces conséquents derrière exploitables pour l’adversaire. On t’attend au tournant pour cet été, Jean-Michel…


Des solutions pour l'OL ? :


Aussi fort que je supporte l’OL, je me dois d’être objectif dans mes analyses et autant dire que le bilan est sombre. En gardant Genesio, ce qui reste d’arriver, l’avenir est tout sauf serein pour les supporters de cette équipe. Dur à avaler pour le football français, obligé de voir un si grand potentiel gâché par un travail catastrophique d’un coach arrogant et incompétent…


Mais les solutions ne manquent pas pour le club d’Aulas, surtout tactiquement où tout reste possible pour la saison prochaine. Avec des instructions tactiques claires et simples, Lyon peut facilement s’en sortir. À commencer par le jeu de position, une stratégie qui cherche à trouver un ou des joueurs libres par des passes programmées et réfléchies.


Cette stratégie nécessite une organisation rigoureuse dans la construction mais aussi un certain niveau technique : parfois pour l’équipe rhodanienne qui regorge de gros calibres techniques allant de Fekir à N’Dombélé. Dans le 4-4-2 losange lyonnais, ce jeu de position pourrait être utilisé pour libérer les latéraux dont le rôle est primordial dans ce système. Avec Rafael et Mendy sur les ailes, l’option semble intéressante.


Il faudra aussi penser à encadrer un minimum les joueurs créatifs du collectif, notamment Nabil Fekir. Le franco-algérien, bien qu’énormément talentueux, a tendance à tout faire sur le terrain faute d’organisation. Sous les ordres d’un autre entraîneur que Genesio, il saurait que son rôle ne devrait pas être de décrocher de très bas pour faire la différence devant.

Tel le madrilène Isco, il devrait par exemple plus bouger depuis devant pour créer un surnombre sur la largeur avec les latéraux ou combiner avec les relayeurs/latéraux. Il a sûrement la puissance technique pour y parvenir…

Des changements dans l’effectif doivent aussi être faits. Exit Maxwel Cornet, qui devrait être remplacé par Myziane Maolida, un jeune du centre de formation de plus en plus impressionnant avec les Gones. Sans oublier Morel déjà évoqué qui devrait quitter le terrain au profit d’une montée en puissance de Diakhaby.


Pour ce qui est de la défense, fixer le problème de la transition défensive s’impose. Une idée pour les lyonnais qui devraient privilégier l’attaque : une structure équilibrée avec 5 joueurs pour attaquer et 5 pour défendre (un peu comme Man City avec Guardiola). Cela permettrait de rapidement reprendre le ballon en contenant l’adversaire. Les fautes tactiques peuvent aussi être une réponse valable, en tout cas par moments.


Alors, Lyon va-t-il se ressaisir et se rendre compte que l’équipe peut faire plus qu’une deuxième place hasardeuse et des sorties prématurées de compétitions ? Mystère. En attendant, le temps se fait long pour les fans…

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