Attendus au tournant après un nul décevant au Stamford Bridge, les barcelonais n’ont pas fait les choses à moitié pour se qualifier avec un lourd score contre les hommes de Conte. Valverde a bien préparé le choc à domicile, avec une équipe plus apte tactiquement à affronter son adversaire et un jeu plus productif face à une défense très compacte. Mais même si l’écart est grand au niveau du résultat, Chelsea n’a pas démérité et aurait dû obtenir un bien meilleur score au retour. Explications.
Messi et Dembélé, un duo efficace et destructeur face aux Londoniens
Les compositions sont les suivantes :
Un 4-4-2 à plat catalan qui, comme nous le verrons, changera pour devenir un 4-3-3 lorsque le Barça a le ballon.
Pour les visiteurs, un 3-4-3 quasi-similaire à celui de l’aller et une disposition tactique tout aussi semblable. On notera la présence de Giroud au poste de n°9 et Pedro sur le banc au profit d’Eden Hazard :
Chelsea tactiquement prêt, mais concrètement limité :
Ici, je parlerais peu de la tactique de Chelsea car elle est très proche de celle de l’aller (à quelques différences près, notamment en attaque). Pour retrouver l’animation défensive et offensive des anglais à Stamford Bridge, c’est par ici :
Contrairement à l’aller où ils sont restés cantonnés à leur propre camp, les londoniens ont fréquemment cherché leur adversaire haut sur le terrain pour gêner la relance (conséquence sans doute du 1-0). Mais ce pressing sera facilement déjoué comme nous le verrons plus tard:
Pour ce qui est de l’attaque, Chelsea s’est disposé en 3-4-3 avec un trio offensif serré dans l’axe pour laisser les latéraux larges sur le terrain sans marquage opposé :
Cet espace offert aux latéraux est en soi un stratagème tactique instauré par le coach. Le trio offensif Hazard-Giroud-Willian était chargé de se placer serré pour empêcher les latéraux catalans d’avancer puisqu’ils seront forcés de reculer pour éviter un 3vs2. Mais aussi et surtout, cela crée des espaces pour les ailiers Moses et Alonso. Des espaces qui vous vous en doutez, ont été très exploités par Chelsea. Démonstrations :
La relance, tout comme la phase aller de LDC, a été mal gérée par les hommes de Conte. Le Barça pressant en 4-4-2 à plat face à la relance anglaise, Chelsea avait naturellement une supériorité numérique de 3vs2 au moment de ressortir le ballon. Une supériorité qui a été très peu utilisée, mais qui aurait pu faire très mal à la disposition défensive barcelonaise. Un rare exemple d’une percée de Christensen a d’ailleurs désorganisé les joueurs de Valverde :
Il faut aussi dire que Courtois, décidément mauvais ce soir-là, n’a pas été apte de relancer comme il faut. Comme à l’aller, le gardien belge a préféré dégager le ballon ou jouer long alors que les solutions ne manquaient pas. Petit exemple :
Le match a été, d’un point de vue tactique, bien abordé par Chelsea. Mais les limites, notamment dus à la qualité et à la performance assez médiocre de certains joueurs en défense (Rudiger…), ont plombés l’équipe et l’empêchent toujours de passer un cap en Ligue des Champions.
La réponse de Valverde et la démonstration de Messi :
La feuille de match l’annonçait déjà : Ernesto Valverde s’était bien préparé à la confrontation retour avec un schéma tactique différent de l’aller. Analysons son approche.
En défense et dans un bloc médian, les catalans sont en 4-4-2 à plat orienté ballon :
Le bloc bas du Barça diffère du bloc médian : reculé, le Barça arbore un 5-3-2 avec l’ailier Ousmane Dembélé au poste de latéral droit et Sergi Roberto qui resserre l’axe. Le résultat :
Pourquoi ? Tout simplement pour contrer la position resserrée du trio offensif de Chelsea qui laisse des espaces aux latéraux (comme vu précédemment dans l’article). Mais même si la réponse a été efficace sur le flanc droit avec un Dembélé très actif défensivement, le côté gauche a été mal défendu par Alba et donc très utilisé par l’ailier Victor Moses.
Mais c’est surtout en attaque que des retouches ont été apportées par le coach espagnol : le FC Barcelone, qui a monopolisé le ballon à l’aller sans pour autant se montrer dangereux, a fait en sorte d’être plus entreprenants dans son stade. Placés en 4-3-3, les catalans ont modifié leur approche offensive avec un résultat convaincant :
Ce 4+3 à la relance a été très bénéfique aux locaux : naturellement basé de triangles de jeu, ce schéma est couramment utilisé pour les équipes qui veulent dominer avec le ballon. Les triangles de jeu ont justement été l’élément-clé du Barça dans son animation offensive. Généralement sur un côté, 3 joueurs viennent apporter de la densité pour former le triangle. Lorsque le ballon est sur un côté, l’ailier menace le défenseur adverse d’utiliser la profondeur ce qui fait reculer toute la défense. Le premier but a d’ailleurs été permis grâce à cela. Cette méthode est exposée dans cette vidéo :
La relance barcelonaise a d’ailleurs déjoué le pressing haut adverse avec ces triangles. Malgré une présence dense des londoniens dans le camp catalan, les hommes de Valverde ont tout de même trouvé multiples fois comment ressortir le ballon proprement :
On voit donc que, par quelques réajustements et un plan de jeu simple mais diablement productif, le FC Barcelone peut facilement se défaire d’un rival et enclencher la "machine catalane". Mais c’est sans oublier une performance XXL de l’argentin Lionel Messi, bon à l’aller mais sans aide de ses partenaires et qui s’est déchaîné au retour.
Avec 6 dribbles réussis sur 8 tentés, un pourcentage de 84% de passes réussies, un total de ballons touchés (71) qui frôle celui de Giroud et d’Hazard réunis et j’en passe, Messi a montré qu’il était plus que jamais le chef d’orchestre du Barça de Valverde.
Conclusion :
Une belle victoire mais pas une grosse confirmation des catalans : Chelsea su les contrarier, et à montrer la voie aux autres équipes espérant battre Messi et compagnie en Liga ou dans une autre compétition. Même si la performance globale des londoniens reste honorable, les hommes de Conte ne pourront pas franchir le palier voulu sans s’armer de joueurs remarquables (surtout en défense où les limites du club sont évidentes).
Pour finir, mention spéciale à Rudiger, qui par sa performance a su montrer que… le haut niveau, ça ne se mérite pas forcément!
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